Que se passerait-il si nous affrontions nos peurs?

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Vous vous rappelez, quand enfant vous êtes monté sur le plongeoir de la piscine et vous êtes retrouvé tiraillé entre l’envie et la peur de vous jeter dans le vide?
Les personnes qui viennent me voir en thérapie ont certainement remarquées que je partage volontiers mes expériences personnelles quand cela peut leur servir. Je ne pense pas être une thérapeute moralisatrice ayant la science infuse. Au contraire, je me remets continuellement en question, je travaille beaucoup sur moi-même, accompagnée par d’autres thérapeutes quand j’en ressens le besoin. Parfois, je prend moi-même ce rôle en me challengeant.
Il y a 6 ans, je suis partie voyager seule en Amérique latine. Pour beaucoup de personnes cela correspondait à une année de vacances, de fêtes et de plages. Pour moi cette année a été un véritable défi. Jusque-là j’étais très attachée à ma petite routine, j’étais dans le contrôle, submergée de peurs, figée sur place. Et puis il y a eu une envie, un besoin. Et si je partais, loin, très loin. Pas pour travailler et m’enfermer dans une nouvelle routine rassurante, non. Partir pour détruire toutes les barrières autour de moi, tous les repères, toutes les routines. Partir affronter mes peurs de solitude et d’échec, tout ce qui jusque-là me faisait rester sagement chez moi.
Cette année a été une de plus belle et des plus intense à la fois. Avec des hauts et des bas émotionnels, ponctués de merveilleuses rencontres qui m’ont, chacune à leur façon, poussée à avancer et me dépasser. Mais aussi des moments de solitude terrible qui m’ont obligée à réveiller une partie de moi qui ne s’était jusque-là jamais manifestée. Une facette que je croyais inexistante car cachée par mes peurs. Seulement parfois, on ne peut pas se permettre le luxe de rester figé par la peur. On doit avancer, on doit réagir, on doit prendre tel ou tel bus de nuit, même si c’est déconseillé, pour arriver à un des plus beaux endroits au monde. Avancer. Toujours. Parce que rester sur place à penser à tout ce qui pourrait arriver de mal est juste absurde. C’est donner à la peur la chance de nous paralyser.
Je n’ai jamais rien fait d’idiot. Je ne me suis jamais mise en danger volontairement durant se voyage. Je suis simplement allée de l’avant, même si cette petite voix terrifiée résonnait dans ma tête.
Cette partie de moi qui est apparue après quelques temps, je la définirait comme une sorte d’aventurière, courageuse, curieuse, qui répond « Oui ! allons-y ! » quand la peur dit « Non, non, non! imagine ce qui pourrait se passer ». Mais oui, c’est exactement ça : qu’est-ce qui pourrait bien se passer? Tu n’es pas curieuse? Tu ne veux pas savoir?
Cette rencontre avec mon moi intérieur a certainement été, des toutes les rencontres sur la route, une des plus belles, des plus intenses, des plus rassurantes. J’ai appris que je pouvais compter sur moi-même, veiller sur moi-même sans me barricader chez moi de peur de ce qui pourrait arriver.
Cinq ans plus tard, je réalise que je suis à nouveau bien installée dans ma petite routine rassurante. Mes peurs commencent à me submerger à nouveau, formant autour de moi une bulle dans laquelle j’ai parfois du mal à respirer. Je réalise que l’aventurière en moi sommeil de nouveau. Je ne l’ai probablement pas assez nourrie, l’ayant prise pour acquise. J’ai donc décidé qu’il était grand temps de ressortir de ma jolie petite zone de confort, de cette bulle de sécurité illusoire et de contrôle.
J’ai pris un billet d’avion pour l’Inde, probablement le pays qui me faisait le plus peur à l’idée d’y voyager seule. Une fois encore il a fallu me pousser pour me lancer, comme quand on prend son courage à deux mains et qu’on saute du plongeoir. Elle était là, bien vivante et en alerte, cette aventurière. Et même si cette expérience a été encore une fois pleine de hauts et de bas, de paradoxes et de rencontres, c’est surtout ces retrouvailles avec ce moi intérieur que je ramène.
Mes peurs, quelles qu’elles soit, m’accompagnent depuis longtemps. Et cette petite voix continuera de murmurer ses craintes à mon oreille. A moi de lui rappeler qu’elle se trompe et que je suis capable, en continuant d’entretenir l’aventurière en moi afin qu’elle ne sommeil pas.
Peut-être bien que la vie de tous les jours n’est pas aussi intense que lorsqu’on part à l’autre bout du monde. Pourtant dans notre quotidien, ce sont bien souvent nos peurs qui, de manière plus subtile, dictent nos actes et nous font croire que nous ne pouvons pas ou ne devons pas.
Elles nous limitent, pour nous protéger, mais parfois elles nous empêchent de vivre pleinement et de découvrir de nouveaux potentiels. Je tâcherai de ne plus l’oublier. Et vous?
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